Qu’est-ce qui arrive à Haïti et aux Haïtiens ?
Aujourd'hui, nous nous trouvons face à un constat amer et alarmant ; Haïti, ce pays riche de culture et d'histoire, traverse une période d'effondrement qui ne semble avoir ni fin ni limites. Quelque chose de profond et de troublant se produit. Un peuple, attaché à son héritage, vit passivement sa propre déchéance. Alors que l’oppression s'intensifie, beaucoup choisissent d'ignorer leurs propres frères et sœurs, leurs compatriotes, pour se tourner vers l’oppresseur, espérant en vain des signes de pitié.
Comment peut-on comprendre un peuple qui, dans sa quête de survie, se tourne vers son oppresseur, celui qu'il connaît pour sa cruauté, son inhumanité, sa destruction ? Malgré un constat d'une gravité alarmante, beaucoup de nos compatriotes, affaiblis par des décennies de souffrances, demeurent convaincus que la solution réside dans un appel à celui qui les a historiquement baignés dans la douleur. Ils sollicitent l'aide de ceux qui ne voient en eux que des objets de manipulation.
Albert Camus, ce grand penseur, aurait sans doute observé cette dynamique avec une profondeur déchirante. S'il était parmi nous aujourd'hui, il aurait peut-être qualifié cette situation d'absurde, où les victimes se retrouvent piégées entre la réalité de leur oppression et l'illusion d'un salut promis par ceux qui les exploitent. Camus a dit : « Les nazis ont voulu non seulement tuer le corps, mais aussi l'esprit et l'âme, parce que l'âme est la dignité fondamentale de tout être. » Cette citation résonne puissamment dans le contexte haïtien, où l'âme d'une nation est tirée dans des directions contraires, affaiblie par des forces extérieures et des ennemis intérieurs.
Comment, alors, caractériser la relation entre les Haïtiens et ceux qui, à l'étranger, manipulent et exploitent cette souffrance ? Serait-ce juste de comparer la situation des Haïtiens aux dominicains qui, défendant des intérêts, n'hésitent pas à exercer une violence sans vergogne contre leurs voisins ? Peut-être que la véritable tragédie réside dans notre acceptation, notre résignation face à ce traitement inhumain.
Dans cette lutte pour la survie, la dignité de chaque Haïtien doit être reconnue. Chaque individu, indépendamment de son statut social ou de sa condition, porte en lui cette empreinte de dignité, ce reflet de valeur intrinsèque. Il est essentiel de réaffirmer cette dignité, non seulement en tant qu'idéal, mais comme une réalité qui doit être vécue au quotidien.
Ainsi, voici ce qui arrive aux Haïtiens et à Haïti : un peuple aux prises avec ses propres démons et ceux qui l’oppriment, un peuple qui doit faire face non seulement à la brutalité extérieure, mais aussi à la désespérance intérieure. Un appel à la résistance s'impose. Il est temps de reconnaître notre force collective, de redécouvrir le pouvoir de notre voix et de notre unité. Pour que la dignité d'Haïti et des Haïtiens soit restaurée, il nous faut non seulement refuser d'accepter notre sort, mais agir résolument pour changer notre destin.
Le chemin sera ardu, mais chaque pas vers la reconnaissance de notre valeur et de notre dignité est un pas vers la libération. La lumière de l'espoir peut renaître dans ce sombre tableau, car tant qu'il y a vie, il y a possibilité de transformation. Ensemble, construisons un avenir où chaque Haïtien est dignement respecté, où la voix de notre peuple retentit avec puissance et où notre nation se tient ferme, déterminée à ne plus se laisser écraser par l’injustice.
La dignité haïtienne mérite d'être reconnue, célébrée et défendue.
Dr Joseph CYPRIEN
Dimanche 01/12/2024