Haïti, en première ligne vers une reconnaissance officielle de l'histoire de la dette !
Auteur : Ing. Clérosier ÉTIENNE

Haïti, en première ligne vers une reconnaissance officielle de l'histoire de la dette !

 

Résumé de l'article 

Dans son article percutant intitulé Le Projet Fou du Porte-Avions Nucléaire Français et la Situation Préoccupante d’Haïti : Un Parallèle Inattendu, publié sur le site Haiti-Muth, Le Dr Joseph CYPRIEN soulève des questions cruciales sur les implications historiques et sociales de la politique française vis-à-vis de son ancienne colonie. En dépeignant l'ambition militaire de la France face à la misère persistante d’Haïti, l'auteur met en lumière le fardeau historique d'une dette coloniale non reconnue et les retombées dévastatrices qu'elle engendre. À travers une analyse approfondie, le Dr CYPRIEN appelle à un éveil collectif, invitant les Haïtiens et la communauté internationale à se mobiliser pour la vérité, la justice et la réconciliation. Sa réflexion engageante met en exergue la nécessité de redéfinir les relations post-coloniales afin de construire un avenir plus équitable pour tous.

 

Article Responsif / Auteur : Ing. Clérosier ÉTIENNE

Je tiens à féliciter chaleureusement le Dr Joseph CYPRIEN pour cet article qui se révèle révolutionnaire, d'une part, et complexe, d'autre part. En effet, les deux éléments qui en constituent la toile de fond et l'objet de comparaison pourraient sembler anachroniques pour plus d'un.

Explorons en profondeur :

  1. Le Prix de la Sécurité
    Aucun sacrifice n'est trop grand pour un gouvernement désireux de sécuriser son peuple. Investir dans la sécurité, c'est assurer un avenir paisible et meilleur aux citoyens qui l'ont choisi pour conduire leur destin.
    Si l'objectif premier de la construction du porte-avions est de doter la France d'une puissance dissuasive capable de garantir la sécurité de sa population et de ses alliés, alors il s'agit d'un projet louable. Cependant, si l'intention sous-jacente est de se comporter en colon réinventé, dans le but d'infliger à l'Afrique et aux tiers-monde, y compris Haïti, des sanctions ou des souffrances plus ignobles que celles déjà endurées par les anciennes colonies, alors il s'agirait d'un projet inhumain, pire même que le Code noir.
    La grandeur actuelle de la France, fondée sur un système inhumain et sanguinaire connu sous le nom de "système esclavagiste" orchestré via ses colonies d'exploitation, nécessite une clarification concernant les raisons qui motivent une telle décision, surtout lorsque le continent africain connaît un réveil, et que de nombreux États commencent à déclarer « persona non grata » les représentants des nations qu'ils considèrent comme artisans de leurs malheurs.
  2. La Crise Socio-Sécuritaire d'Haïti et ses Antécédents
    Haïti, l'ancienne Saint-Domingue qui faisait de la France "un grand pays", comme le répétait Aimé Césaire, est une nation dont le projet de ruine éternelle a été délibérément planifié par les puissances colonialistes dès l'épopée de 1804.
    L'armée napoléonienne, l'une des plus redoutables de l'époque, a été mise en déroute par un groupe de va-nu-pieds sans formation militaire, maniant leurs armes avec ferveur. La volonté du Père Fondateur de la nation naissante, l'Empereur Jean-Jacques Dessalines, d'exporter la liberté aux autres peuples opprimés a fait d’Haïti un symbole de danger imminent pour les oppresseurs. C'est pourquoi même les États-Unis d'Amérique, anciens propriétaires d'esclaves, qui avaient bénéficié du soutien des troupes haïtiennes lors de la bataille de Savannah, ont peiné à reconnaître notre indépendance. Cette haine implacable envers les Haïtiens, pour avoir tracé la voie du rapatriement de l'humanité perdue aux yeux de leurs bourreaux, est bien résumée par les propos du Président Franklin Delano Roosevelt :
    "Il faut constamment soulever les va-nu-pieds contre les gens à chaussures et mettre les gens à chaussures en état de s'entre-déchirer les uns les autres. C'est la seule façon pour nous d'avoir une prédominance continue sur ce pays de nègres qui a conquis son indépendance par les armes. Ce qui est un mauvais exemple pour les 28 millions de noirs d'Amérique."
    Ces paroles, empreintes de méchanceté, ressemblent à une prophétie macabre qui s'accomplit actuellement au sein de la population haïtienne.
  3. Revenons sur les Implications de la France dans le Démantèlement de son Ancienne Colonie
    Après des années de piratage maritime orchestré par les Français contre les navires marchands espagnols, l'Espagne céda, en 1697, à Ryswick, le tiers occidental de l'île à la France, officialisant ainsi la colonisation d'exploitation. Pendant plus d'un siècle, la France a prospéré à partir de la partie est de l’île d’Haïti sans avoir de comptes à rendre à quiconque.
    Ne pouvant admettre la défaite du 18 novembre 1803 à Vertières, et après de multiples tentatives de retour, la France, en 1825 (soit 21 ans après la proclamation de son indépendance), imposa à Haïti une indemnité de 150 millions de francs or, comme rançon de son audace. Ce fardeau, pesant lourdement sur la jeune nation, a duré 125 ans. En effet, après plus de 106 ans d'esclavage sous le joug français, Haïti a dû travailler pendant un siècle supplémentaire uniquement pour rembourser une dette qui représentait dix fois les budgets annuels de fonctionnement et d'investissement confondus de la France métropolitaine d'alors, selon les propos de l'ancienne Ministre française de l'Éducation, Christiane Taubira.
    Après avoir passé plus de 231 ans sous l'exploitation d'une puissance colonialiste française, et en raison des manœuvres conspiratrices et déstabilisatrices d'autres puissances coloniales, la crise multiforme et le manque de développement d'Haïti trouvent une explication qui mérite d’être approfondie. Les hommes et les femmes éclairés de ce pays, au lieu de se rassembler en un conglomérat d'« idiots utiles » qui se déchirent au profit de leurs anciens maîtres, doivent s’élever à la hauteur de la citoyenneté dont le pays a besoin, rassemblant tous ses dignes fils pour sortir du gouffre.
  4. Authenticité de la Dette

Tous les humains dotés de raison, y compris les Français, reconnaissent la stupidité de l'action du roi Charles X et son implication dans la misère abjecte qui plonge la société dans le désespoir. Ils savent également que la misère déshumanise. Dès lors, contribuer à renforcer la souffrance d'un peuple conscient, c'est le forcer à rechercher des voies et moyens pour se défendre. Malheureusement, lorsque le peuple n'est pas conscient, d'autres choix se présentent à lui. Il peut choisir de perpétuer sa dépendance ou son obéissance aveugle envers l'oppresseur, ou encore de s'engager dans la constitution d'un conglomérat d'« idiots utiles ».

Pour enclencher le processus de reconnaissance officielle de cette dette par le créancier, ou plus exactement pour sa restitution, l'Haïtien d'aujourd'hui doit comprendre que tout le monde doit s'impliquer à la hauteur de ses compétences. Haïti a son destin entre ses mains. Elle n'a pas droit à l'erreur. C'est pourquoi je propose la mise en place d'une commission multisectorielle pour travailler sur le montage du dossier. Cette commission doit inclure des professionnels haïtiens d'Haïti et de la diaspora, soutenus par des experts issus des anciens pays colonisés, sans négliger l'organisme des Nations Unies, qui avait officiellement soulevé le problème lors d'une session il y a environ trois ans.

Un autre atout majeur à ne pas ignorer est la décision d'élever l'esclavage au rang de "crime contre l'humanité" par le parlement européen. Bien que la loi ne soit pas rétroactive, cette disposition devrait permettre de poursuivre tous les anciens propriétaires d'esclaves sur le continent européen, puisque les crimes contre l'humanité ne sont pas soumis à prescription.

Tout ceci vise à monter un dossier solide et sans erreurs négligeables, où tous les aspects seront pris en compte avant d'être soumis à l'autorité compétente pour un suivi diplomatique et administratif.

Pour conclure : 

Assurer la sécurité de son peuple est l'une des missions sacrées de tout gouvernement. Faire preuve d'impuissance face à une telle responsabilité témoigne d'une indignité face à la fonction qui lui a été confiée. Quel que soit le coût, la responsabilité de planifier et d'investir pour sécuriser sa population incombe au gouvernement français ; cela ne relève ni de l'OEA, ni de l'ONU, encore moins du CARICOM ou du Kenya. Tout comme Haïti est un pays souverain, il appartient au gouvernement haïtien de s'occuper de la sécurité de sa population sans relâche.

En tant que membre d'organismes internationaux, un élan de solidarité pourrait amener un pays à prêter secours à un autre, dans le respect des règles édictées par les traités et conventions signés précédemment par les deux parties. Faute de cela, il pourrait s'agir d'une vaste opération de copinage à motivations douteuses. En effet, la problématique de l'aide, quelle qu'en soit la nature, demeure un puissant handicap à la conjonction désintéressée des efforts des nationaux pour résoudre leurs propres problèmes.

Étienne, 🇭🇹
8/01/2025

 

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